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Colloque international de Lomé

Les frontières africaines : absurdité ou enracinement ? Quelles nouvelles approches ?

Dans le cadre du projet ANR-Sud Frontafrique sur le thème : « Les frontières africaines : absurdité ou enracinement ? Quelles nouvelles approches ? », l’équipe de recherche sur le développement et les enjeux identitaires en Afrique (E-DEIA) de l’Université de Lomé, a organisé, du 23 au 26 avril 2012, à l’Université de Lomé puis à la salle de conférence du relais de la CNSS, un colloque international.
Destinée à clôturer officiellement le projet ANR-Sud Frontafrique, cette manifestation scientifique a donné l’occasion aux équipes de Lomé, de Paris et de Ouagadougou ayant collaboré audit projet, de présenter et confronter les résultats de leurs travaux.
Le colloque s’est déroulé en deux phases : la première (23-24 avril) s’est faite sous la forme d’un séminaire fermé où les membres des différentes équipes ont échangé et discuté les résultats de leurs travaux ; la seconde (26 avril) ouverte au public a été l’occasion pour les chercheurs de porter à la connaissance du public, les résultats de leurs études. Cette dernière phase est assortie d’une table-ronde, dont le thème est : « Etats, Frontières et souveraineté en Afrique : 50 ans après ».

Le présent rapport porte sur la problématique du projet Frontafrique, le séminaire fermé (23-25 avril) et la séance publique suivie de la table-ronde (26 avril).

1. La problématique du colloque 
En effet, les discours portant sur les frontières africaines ont longtemps été marqués par un parti pris de principe : celles-ci devaient être dénoncées comme étant des stigmates de la domination coloniale. Ce parti pris s’est focalisé autour de trois grands axes critiques :
 les frontières furent d’abord considérées comme artificielles, produits d’importations imposés sans réflexion et sans logique, au mépris des structures humaines et géographiques existantes ;
 la gestion coloniale fut ensuite montrée du doigt pour son aspect coercitif ;
 enfin, ce furent les conséquences du découpage qui ont été dénoncées : les frontières ont été considérées comme génératrices d’effets négatifs multiples ; elles auraient empêché le développement et seraient à l’origine de migrations, de déséquilibres de population et même de conflits.

Ce raisonnement, développé par des géographes, des anthropologues et des historiens, a longtemps été considéré comme le seul valide, et toute réflexion sur les frontières africaines ne s’y conformant pas était suspect de vouloir réhabiliter la colonisation.
L’objectif est d’étudier au cas par cas le processus d’élaboration de chacune des frontières, afin de fournir des éléments pouvant nourrir la réflexion sur l’Etat en Afrique, mais aussi d’étudier ces frontières à travers les dynamiques qu’elles produisent (migrations, mobilité, gestion territoriale, décentralisation, relations entre Etat et identités, questions de conflits…). Ces analyses doivent permettre de produire une cartographie nouvelle du lien entre politique et territoire en Afrique.

2 - Les différentes phases du colloque
2-1 - Première phase : le séminaire fermé
Il s’est déroulé du 23 au 25 avril 2012 à l’Université de Lomé et a porté sur la présentation des résultats de chacune des trois équipes. D’abord les animateurs d’équipe ont pris la parole pour faire l’état des lieux du projet.
Le professeur Goeh-Akué, l’animateur de l’équipe togolaise, fut le premier à faire le point sur l’état d’avancement du projet « frontières africaines au Togo ». Il a relevé que malgré le démarrage tardif du projet au Togo, celui-ci a néanmoins abouti et il regroupe treize études réparties en trois grands thèmes. Ces articles seront publiés dans un ouvrage collectif sur le plan national. Il a aussi fait part de l’organisation d’une unité d’enseignement ouvert intitulé : « Frontière, identités et mondialisation » qui est cette année à sa troisime propmotion. Il a donné lieu à la soutenance d’une thèse et trois mémoires de maîtrise.
Le professeur Pierre Boilley, animateur de l’équipe française est ensuite intervenu pour informer l’assistance qu’en France, le projet a essentiellement consisté en l’organisation des séminaires et d’un colloque. Il a à son tour annoncé que les études réalisées dans le cadre du projet seront intégrées à un ouvrage collectif à paraître.
L’animateur de l’équipe burkinabè, le professeur Pierre-Claver Hien a lui aussi soulevé le retard pris par le démarrage du projet au Burkina Faso. Ici, le projet à consister à la réalisation d’une banque de données sur les sources de l’histoire du Burkina Faso dont l’objectif final est de rassembler les articles et documents publiés en un ouvrage collectif sur le plan local. Il a aussi souligné qu’un atelier de restitution aura lieu très prochainement sur ce qui a été fait dans le cadre du projet frontière au Burkina Faso.
A l’issue des discussions, il a été proposé que le délai d’exécution du projet soit prorogé étant donné qu’il a démarré un peu tard au Burkina Faso et au Togo et surtout à cause du retard considérable dans le déblocage des financements.

Présentation des travaux par équipe
L’équipe togolaise
Les études faites par l’équipe togolaise comportent trois parties. La première qui porte sur « Pratiques transfrontalières, représentations et transculturalité » a été présentée par Mme Anaté. Elle regroupe cinq études qui démontrent que les communautés humaines en Afrique ne sont pas des sociétés vivant sur un espace ouvert où tout le monde peut se déplacer n’importe comment. Sur ce continent comme ailleurs, la mobilité obéit à des normes qui relèvent des règles coutumières ou d’usage séculaires liés aux pratiques économiques, culturelles et religieuses. Les limites des espaces territoriaux, loin d’être de frontières étanches, constituent plutôt des zones transfrontalières ou des zones de convergences. Ainsi, le corridor Abidjan-Lagos, bien que jalonné par une succession d’obstacles aux transactions diverses, constitue cependant un couloir qui permet les échanges entre les cinq pays qu’il traverse à savoir : la Côte d’ivoire, le Ghana, le Togo, Le Bénin et le Nigeria. Il représente à cet effet un modèle d’intégration sous régionale à travers les contacts entre les populations et l’existence d’infrastructures supranationales. Même les pays du littoral sont intégrés aux réseaux d’échanges à travers des voix perpendiculaires à la côte atlantique qui facilitent le transbordement des marchandises et la circulation des personnes. Dans ce sens, les Etats et les populations mettent en place des stratégies de rapprochements transfrontaliers. Les frontières ne constituent pas non plus un obstacle au brassage des cultures puisque des élèves togolais fréquentent tous les jours des écoles ghanéennes situées au-delà de la frontière et vice versa. De même, les frontières communicationnelles à l’œuvre, à l’intérieur des d’un même pays, entre les ethnies et les groupes sociaux divers, ne constituent pas un obstacle infranchissable pour un brassage et une intégration réels de ces ethnies et groupes en vue d’une véritable construction nationale.
En somme, les pratiques transfrontalières constatées montrent que les frontières sont poreuses et favorisent une osmose culturelle.
La deuxième partie présentée par E. Assima-Kpatcha est intitulée « Frontières, sécurité, lutte et subversion politiques ». Elle regroupe trois études et met en exergue le problème de transmission de frontières coloniales aux Etats indépendants aboutissant aux tensions militaro-diplomatiques. Dans ce cadre, les remises en cause des limites territoriales et leur utilisation à des fins idéologiques et / ou personnelles sont analysées. Ces actions, loin d’être uniquement l’œuvre des chefs d’Etat installés au pouvoir, ont été des résurgences des données anciennes, datant de la période coloniale. Mais les gouvernants établis au sommet de l’Etat dans les différents pays, n’ont pas été les seuls à utiliser les frontières pour assouvir leurs desseins politiques. Ceux qui se sont opposés à eux, y ont aussi eu recours. En bref, on peut retenir des trois contributions de cette partie la complexité relative à la transmission des frontières coloniales au Togo et au Ghana, l’usage fait des frontières par les élites politiques togolaises, non seulement durant le processus de décolonisation, mais aussi au lendemain de l’émancipation du Togo marquée par la répression, la diffusion des idées, dans le cadre des activités politiques et autres en transcendant les frontières physiques. Il apparaît donc que la frontière a servi aux luttes politiques, au refuge des contestataires et à la circulation des idées subversives.
La troisième partie « Frontières, territorialité et dynamique sociale » présentée par K. Kouzan analyse les manœuvres politiques des acteurs coloniaux et/ ou locaux et examine les stratégies mises en place par les populations pour braver les frontières, les exploiter à d’autres fins ou tout simplement à s’en accommoder. Ainsi, les trois contributions de cette partie qui portent sur les localités d’Aflao, de Hanyigba-Todzi et de Kémérida montrent que la frontière est un espace de partage pour les différentes communautés qui s’y trouvent. Néanmoins, elle définit une zone vulnérable qui, soumise à un aléa, peut déboucher sur des conflits. A celle-ci s’ajoute une étude comparative sur les aménagements urbains de la « Cité OUA » à Lomé et les « Villas de la CEN-SAD » à Cotonou. Ces ghettos résidentiels de luxe produisent des limites spatiales construites par la société et des limites perçues et vécues par les populations.
Des discussions à l’issue de la présentation de l’équipe togolaise, on peut retenir que :
Les frontières africaines, de par leur porosité, constituent un lieu de rencontre des peuples entraînant donc une osmose. Cependant, même si la frontière est source de mobilité entre les peuples, elle est parfois source de conflit lié aux problèmes économiques qu’elle pose.
Parlant des conflits, il a été relevé que les relations Togo-Ghana ont été toujours tendues jusqu’à la fin des années 1990 où elles se sont progressivement améliorées avec l’avènement de J. Kufor au pouvoir (Ghana). Par ailleurs, la subversion entre le Togo et le Ghana ne date pas de la période récente, elle remonte à la période coloniale avec les activités du Togo Bund [1].
Aussi, les conflits qui surgissent par moment entre les Logba du Togo et ceux du Bénin n’empêchent pas cependant des relations paisibles entre les membres de cette communauté installée de part et d’autre de la frontière.
De même, des conflits fonciers apparaissent par moment entre les populations éwé de Hanyigba-Todzi au Togo à leurs frères installés au Togo et au Ghana. En réalité, les tracées de frontières dans cette zone sont fonction de plusieurs réalités notamment les raisons économiques (plantations de café, cacao, etc.), l’avancée des troupes franco-britanniques, entre autres. Tout compte fait, la logique des tracées de frontières reste variable car on peut évoquer les réalités de terrain et les préoccupations des colonisateurs.

L’équipe burkinabè
Après la présentation de l’équipe togolaise, ce fut le tour du Professeur P.-C. Hien de présenter les études entreprises par le Burkina-Faso. Le projet d’ouvrage du Burkina-Faso comprend quatre parties et a pour objectifs de montrer la polysémie qui caractérise le concept de frontière et préciser la signification politique de la frontière territoriale, faire une typologie des sources et montrer l’urgence qu’il y a à répertorier les principales données bibliographiques et archivistiques de l’histoire des frontières du Burkina-Faso. Le document sera essentiellement une compilation de textes déjà existants qui seront complétés par des textes inédits.
La première partie intitulée « historicité des frontières précoloniales » fait, à travers trois études, une lecture d’ensemble des frontières précoloniales à travers le témoignage des explorateurs, les données de l’historiographie et montre le lien dialectique entre la dynamique des fronts pionniers et la genèse des frontières des royaumes et des chefferies. Pour ce qui concerne la deuxième partie « frontières coloniales et limites administratives : le rapport identité territoriale et identités régionales », elle est constituée de cinq articles qui abordent la course au clocher, l’occupation des territoires et la reprise en charge par le colonisateur des frontières anciennes à travers un jeu politico-administratif. Est ensuite abordée, dans la longue durée, l’émergence ou la consolidation de l’identité territoriale et des identités régionales. La troisième partie porte sur « les problèmes de frontières depuis l’indépendance de la Haute-Volta » ; elle montre les fondements historiques des problèmes de frontières de la « post-colonie ». Ici, ce sont des conflits frontaliers inter-étatiques ainsi que les situations intra-étatique en relation avec la construction de l’Etat nation dans les limites des frontières héritées de la colonisation qui sont abordés. Quant à la quatrième partie, elle énumère les sources et la bibliographie relatives à ces études.

L’équipe française
Enfin, l’équipe française a été la dernière a exposer son projet. Présentée par le professeur Pierre Boilley, l’ambition du projet est de reprendre à nouveau frais un certain nombre de grandes questions touchant aux frontières africaines, déjà explorées par l’historiographie mais pas toujours entrées dans un savoir commun comme en témoigne l’idée reçue qui fait de la Conférence de Berlin (1884-1885) le lieu et le moment d’un partage de l’Afrique par les Européens, idée récurrente dans la presse et dans la société civile. Les frontières africaines sont-elles artificielles, ont-elles un caractère arbitraire, sont-elles zonales ou linéaires pendant les périodes précoloniales, coloniale ou postcoloniale ?
Après avoir présenté les frontières africaines comme spécifiques, l’historiographie africaniste tend à minimiser cette spécificité en rappelant que toutes les frontières sont des constructions, et sont donc artificielles, d’une part, et que l’Afrique connaissait déjà avant la période coloniale des limites territoriales zonales au linéaires. Structuré en trois parties, ce projet comporte des encadrés et des études de cas.
Lors des discussions, il a été démontré que les frontières ne sont pas si absurdes qu’on le pense, mais elles ont été imposées par les réalités de terrain. La linéarité des frontières répond à la réalité qui est celle de faire disparaitre des enclaves. On peut donc déconstruire des idées de la Conférence de Berlin, tout en prenant bien sûr certaines précautions.

Enfin les participants au colloque ont convenu que les équipes burkinabè et togolaise publient un ouvrage particulier à chacune des deux équipes. Ensuite un ouvrage collectif à caractère international (France, Burkina Faso et Togo) sera publié d’ici à la fin de l’année 2012.

Entre la première et la deuxième phase (c’est-à-dire le 24 avril), une sortie de terrain a été faite sur la frontière Togo-Ghana au niveau de Ségbé dans la banlieue ouest de Lomé et d’Aflao sur la côte. A cette occasion, les chercheurs se sont imprégnés des réalités des frontières africaines à partir de l’exemple Togo-Ghana à ces deux endroits. Rappelons qu’Aflao (Kodjoviakopé), qui est un quartier de Lomé, constitue un cas exceptionnel dans le monde où une capitale se trouve sur une frontière.

Discussions sur la forme de l’ouvrage collectif (25 avril 2012)
Lors des débats, il a été retenu que trois contributeurs togolais fourniront des encadrés et cinq études de cas à l’ouvrage collectif, tandis que l’équipe burkinabè fournira un encadré et quatre études de cas. Le délai de rentrée des articles est fixé au mois d’octobre 2012. La réception des articles devant meubler les différentes parties de l’ouvrage a été confiée à l’équipe française.

2-2 - Deuxième phase : la séance publique du 26 avril 2012 suivie de la table-ronde
Cette séance est destinée à porter à la connaissance du public, les résultats des travaux faits entre chercheurs en conclave. Les travaux ont démarré à 9h30mn, par l’intervention du maître de cérémonie, Joseph Tsigbé. Ce dernier a présenté le programme du jour articulé autour de trois points :
 Mots de bienvenue du président du comité d’organisation
 Interventions des animateurs d’équipes
 Discussions

Au niveau du premier point, le professeur Goeh-Akué, en sa qualité de président du comité d’organisation, a remercié toutes les bonnes volontés qui se sont manifestées pour la réussite de la présente activité en l’occurence l’Agence nationale de la recherche (ANR) en France et l(universitéde Lomé au Togo. Il a par ailleurs remercié les personnes-ressources invitées. Le but visé par la participation de ces derniers est de partager avec le public, le vécu de la frontière. Il a conclus son intervention en souhaitant plein succès aux travaux de la séance publique.

Après ces mots de bienvenue, la modératrice de la séance, Anaté Kouméalo a présenté les animateurs d’équipes, notamment Professeur Pierre Boilley (pour l’équipe française), Professeur Michel Goeh-Akue (pour l’équipe togolaise) et le Professeur Pierre-Claver Hien (pour l’équipe burkinabé). Tour à tour, ces chefs d’équipes ont pris la parole pour rendre compte des activités menées au sein de leur équipe de recherche nationale. De leurs interventions, on retient que les travaux ne sont pas encore bouclés. Toutefois, tout est mis en œuvre pour que d’ici à la fin de l’année 2012, ils puissent être bouclés, afin de permettre d’une part, la publication d’un ouvrage collectif transnational au sein duquel seront abordées des études de cas et, d’autre part, des publications locales par équipe de recherche. Ces interventions ont donné lieu à une discussion générale.
En effet, dans les discussions, les intervenants se sont interrogées sur la nature des frontières. Pour eux, il est question de savoir si ces frontières sont le fruit de négociations ou bien si elles sont naturelles ou artificielles. De plus, il a été question d’amener les intervenants à se positionner par rapport à la question posée dans la thématique du colloque. Autrement dit, les participants voulaient savoir si en définitive, les frontières africaines sont absurdes ou bien si elles ont un enracinement.

A ces réactions, les intervenants ont répondu en faisant observer que seules 2% des frontières mondiales ont fait l’objet de consultations des populations et que les frontières sont plutôt le fruit de rapport de force, étant donné que leur tracé s’est fait entre dominants et dominés, dont les seconds n’étaient pas forcément maîtres du jeu. Par ailleurs, ils ont insisté sur le fait que, quand bien même les frontières ont été tracées dans les conditions susmentionnés, très tôt, les dominés, grâce à leurs logiques, ont réussi à s’en accommoder et ils les ont intégrées dans leurs pratiques quotidiennes. De ce fait, on ne pourra plus parler forcément d’absurdité mais plutôt d’enracinement. Aussi, a-t-il été relevé que l’importance de la problématique des frontières repose à nouveau frais, la question de la territorialité, de la souveraineté et plus encore de l’Etat en Afrique. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de ces questions, les intervenants ont invité l’assistance à la table-ronde de l’après-midi, sur le thème : « Etat, frontières et souveraineté en Afrique : 50 ans après »

3 - La table-ronde
Animée par les professeurs Goeh-Akué et Boilley avec la modération de E. Assima-Kpatcha, il a été question de ce que sont devenus les Etats africains dans leurs frontières héritées de la colonisation et les différents problèmes auxquels ils sont confrontés.
En se basant sur l’exemple du Togo, le professeur Goeh-Akue a souligné tout d’abord que le Togo aurait pu proclamer son indépendance à l’issue des élections législatives anticipées du 27 avril 1958. Mais le manque d’infrastructures l’a amené à le différer et à ne la proclamer que le 27 avril 1960. Il a ensuite démontré qu’une fois l’indépendance acquise, le Togo s’est confronté à de nombreuses difficultés économiques et sociales. Cette situation l’a amené à se tourner vers les institutions de Bretton woods (FMI, BM) et la rigueur économique et budgétaire à lui imposée ont eu des conséquences malheureuses sur les populations. Par rapport à cette intervention de l’extérieur, le professeur s’interroge sur la souveraineté du Togo.
Le professeur Boilley a quant à lui expliqué, par rapport à la France que toutes les frontières sont artificielles et que ici également, elles ont divisé des populations. La France d’après lui est aussi un Etat multi-ethnique. On y retrouve les Bretons, les Catalans, les Corses, les Basques, etc. Et par rapport à l’adhésion de la France aux institutions de l’Union européenne, se pose le problème de l’identité. A l’issue de ces interventions, la parole a été donnée à l’assistance pour réagir. Cela a donné lieu aux débats qui ont tourné autour du processus d’intégration régionale en Afrique et de la souveraineté des Etats.
Par rapport à ces préoccupations, les animateurs de la table-ronde ont relevé qu’avant d’aboutir à une quelconque intégration régionale, il faut penser à une consolidation des identités, car La citoyenneté ne se décrète pas, elle est le fruit d’une construction. Ils ont aussi relevé qu’il n’y a pas d’Etats indépendants dans l’absolu mais des Etats interdépendants.
Cette table-ronde a été également marquée par les témoignages de sa majesté, Togbui Apaloo, chef du canton de Batoumé, village situé au sud-ouest du Togo sur la frontière avec le Ghana. Il a livré à l’assistance le vécu quotidien des populations de son canton, séparées par la frontière et obligées de s’accommoder à cette réalité.
C’est sur ces explications que les travaux de la séance publique du colloque ont été clos.

Il est à noter qu’en marge du colloque Pierre Boilley et N. A. Goeh-Akué ont participé à deux débats télévisés sur la question des frontière sur LCF (« La chaîne du futur ») l’une spécialement sur le Mali et la seconde sur l’asurdité ou l’enracinement des frontière en Afrique. L’ensemble des manifestations a été largement couvert par de nombreux médias.

Fait à Lomé le 26 avril 2012, par le rapporteur général du colloque, Koffi Bakayota Kpaye.

[1Une association d’anciens clercs de l’administration coloniale allemande et des sympathisants qui se sont regroupés pour critiquer vertement l’occupation et l’administration française de leur territoire.

 

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